mercredi 24 octobre 2012

Sur les pas des pèlerins

La Cathédrale de St-Jacques-de-Compostelle vue du parc Alameda



Je reviens d'un voyage en Galice où il m'a fallu un peu de temps pour réfléchir à ce que j'aimerais écrire sur cette dernière aventure.  J'y ai vécu une expérience intense à plusieurs niveaux et ressenti un important choc culturel et personnel.

Je crois qu'il faut se méfier de ce qu'on lance dans "l'Univers"... j'ai bien écrit dans mon introduction de mon blog que je partais à la découverte du monde (notre belle planète) et du monde (de ses habitants).  Bref, c'est ce que je réalise à chaque jour depuis mon départ du Québec... avec mon séjour à Iona, où j'ai pu découvrir des paysages incroyables et où le "monde" est venu à moi, ce qui  m'a permis d'aller plus loin dans mon introspection.  Ce fut aussi le cas avec mon voyage en Galice où, disons que parfois, je fus poussée très loin dans mes retranchements... personnels.

Santiago de Compostela


Peut-être que ce n'est pas pour rien que cet endroit est le lieu d'arrivée des pèlerins de Compostelle "Los peregrinos del Camino de Santiago".  Ces gens, après avoir parcouru à pieds ou en vélo près de 800 km, pour la partie espagnol et près du double s'ils sont partis du début du chemin en France, arrivent avec un bagage plus léger... ou plus lourd.  Leur sac à dos est sans doute plus léger, laissant une partie de leur fardeau personnel et matériel en route, un peu comme je l'ai fait durant les 4 premiers mois de mon aventure (voir même depuis un an où tout s'est arrêté... ou au contraire, où tout a débuté pour moi).  Plus lourd de nouvelles réflexions, de questionnements et de prises de décision sur les prochaines étapes de leur vie.  Surpris, sans doute aussi, tout comme moi... que Santiago de Compostela n'est pas la fin du chemin... mais seulement un carrefour nous menant vers une autre direction.



  













 









 












J'ai vu plusieurs pèlerins arriver avec d'autres marcheurs et je me suis mise à imaginer ces personnes avant leur départ... comme dans un film où on peut voir les différents personnages dans leur vie quotidienne, chacun dans son coin planétaire et ensuite d'imaginer ces petites lignes de vie se côtoyer, se croiser, s'éloigner ou encore cheminer parallèlement ensemble pour plusieurs jours, voir plusieurs semaines.  Aucun hasard, ils avaient à se rencontrer, à échanger et à apprendre quelque chose de commun ou l'un de l'autre.  Je les ai vus, s'extasier, crier de joie à leur arrivée sur le pas de la cathédrale, se serrer dans les bras, s'embrasser, se sourire, se taper sur l'épaule, se coucher par terre pour sentir la réalité du moment et.. j'en ai vu d'autres tout simplement pleurer et être émus à avoir peine à respirer.

Je les ai observés avec leur petit sac à dos, leur bâton de pèlerin, leur coquillage (la fameuse coquille St-Jacques) et avec leurs différentes réactions.  J'ai tenté d'imaginer ce que cela pourrait être que de marcher durant un mois, 25-30 jours (pour la partie du Camino Francès) et je me suis même dit que cela leur ferait drôle de retourner à leur vie "normale" après autant de jours sur la route... jusqu'à ce que je réalise que, bien que je n'avais pas marché durant 30 jours, cela faisait plus de 4 mois que j'étais loin de mon chez-moi, de cette fameuse vie qu'on appelle "normale".




Office des pèlerins







Cathédrale de Santiago de Compostela au coucher du soleil



Le coeur de la cathédrale et on peut apercevoir les gigantesques orgues de chaque côté, au centre et au dessus de l'assistance

St-Jacques

Le symbole des pèlerins, la coquille St-Jacques

Intérieur de la coupole où se trouve la crypte de l'apôtre Saint Jacques le Majeur
Les reliques de Saint Jacques seraient déposées dans cette sépulture et les pèlerins passent l'un après l'autre et touche cette représentation de Saint Jacques (statue d'or et de pierres précieuses)
et on redescend par là... des bottines de toutes les grandeurs ont foulé ces marches!
Une représentation de pèlerin dans une des petites chapelles attenantes à la cathédrale
 







Des orgues majestueux venus d'un autre temps
Un p'tit péché à confesser?
Ai-je parcouru mon chemin de Compostelle?  Je ne l'ai peut-être pas fait concrètement, mais en quelque part, je crois l'avoir fait virtuellement et sans aucun doute possible, j'ai parcouru mon chemin personnel et intime.  Qu'est-ce que c'est que de faire ce type de pèlerinage, si ce n'est que de briser sa routine, de se contenter du minimum nécessaire, de se retrouver loin de toutes les technologies et donc, d'avoir un temps privilégié pour l'introspection... et de côtoyer des gens qui viendront te confirmer, te bousculer, te faire réfléchir et te faire grandir au travers de ça.  Être confronté à l'inconnu, à ses peurs, ses malaises et à la nouveauté... à ce bourgeonnement de nouvelles idées, de nouvelles valeurs. Te donner du temps seul avec toi-même.

Je suis arrivée à Santiago de Compostela environ à la même date que j'aurais dû arriver l'année dernière si j'avais réaliser mon projet de faire le pèlerinage, si cela n'avait pas été de mes soucis de santé.  Hasard ou tout simplement le moment idéal pour boucler la boucle?

Les espaces verts du parc Alameda











Je me demande si elle n'est pas tannée d'être en adoration avec son beau Jules de temps en temps... 
Peut-être devraient-elles échanger de place,
la statue en adoration et celle-ci??


Une représentation des deux soeurs qui se promenaient toujours dans le parc (voir autre photo)

Je me suis assise sur un banc de la Praza do Obradoiro devant l'entrée principale de la cathédrale de St-Jacques-de-Compostelle et j'ai écrit dans mon cahier pour tenter de trouver le sens de cette partie de mon aventure et voici, en vrac, les mots qui me sont venus en tête et qui virevoltent comme une tornade autour de moi.  J'avais cette sensation d'être dans le centre, l'œil de la tempête où on ne ressent rien, où il n'y a pas la moindre brise, où la lumière est étrange... et où on sait que cela ne durera pas, que la tempête se déchaînera à nouveau.  Par quelle émotion, par quel mot je serai appelé à vivre plus intensément en premier, quel est celui qui me fera frissonner ou m'emplira de joie?  Quels sont ceux qui viennent de mon passé et qui s'émietteront?  Lesquels disparaîtront à jamais?  Lesquels orneront ma prochaine demeure? Je ne le sais pas... mais voici donc tous ces mots [maux] qui m'ont envahis durant ce bref intermède :

           Humilité (laisser son égo de côté)
           Estime de soi
           Ouverture
           Adaptabilité
           Bonne humeur
           Connaître sa propre échelle de valeurs
           Saisir l'opportunité
           Se méfier des mots = maux
           Flexibilité
           Résilience
           Suivre le courant
           Se fier sur soi et prendre ses propres responsabilités
           Savoir qui on est, connaître sa valeur
           Écouter son cœur et sa voix intérieure
           Souplesse
           Se méfier de ses propres perceptions et jugements
           Savoir que tout est temporaire

Je repars donc de cette "croisade" contre mes propres "démons", comme ces "matamores" (Terme emprunté à l’espagnol Matamoros, « tueur de Maures », formé à partir de mata, « tuer » que l’on retrouve dans échec et mat et Moros, pluriel de Moro, « Maure » : c’est le nom d’un faux brave de comédie qui se vante constamment de ses exploits contre les Maures - faire le matamore!) qui partaient tuer les maures... sûrs de leur suprématie et du bien fondé de leur action.  Mon "égo" revient avec le caquet (plus joli que le trou de c...) sous le bras, les pieds en compote (et non en Compostela) avec un bagage un peu différent, mais me voilà enrichie et espérons-le, "améliorée" comme le dit la publicité!

Une nouvelle version vient d'arriver : la Naftalina!


Magasin de seconde main découvert au hasard d'une petite rue : Naftalina

P.S. pour celles et ceux que ça intéresse... il y a une association québécoise pour Compostelle : http://www.duquebecacompostelle.org/



8 commentaires:

  1. À mon amie Nathalie,
    J'ai ressenti de la fatigue, presque l'épuisement dans ces phrases avec ses mots lourd de sens, lourd de leur expérience passée. Peut-être as-tu cherché trop loin, avec trop d'intensité, que tu t'es rapproché de l'extrême limite de ce que ton corps peux supporter. Une fois que l'on a fait le tour, reviens-t-on à son point de départ?

    Ta vraie nature est celle d'être toi-même avec ta complexe simplicité, aussi attendrissante et attachante que déstabilisante parfois, avec ce désintéressement pour les valeurs qui n'en sont pas, tu t'épanouis en n'en donnant qu'à celles qui le méritent.

    Prends soin de toi, ô mon amie, prends le temps de donner du temps au temps afin que cet esprit assagit puisse vivre en paix et harmonie, au même rythme que ce cœur qui bat pour la vie.

    Ton ami Guy R.
    xx1/2

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    1. Merci mon cher ami Guy. Wow! j'oublie souvent comme tu écris bien et que tes pensées sont réfléchies et profondes. Merci d'être là et d'apprécier et de t'inquiéter pour moi.

      Je vais bien, ne t'en fais pas... et pour te répondre à la question si on revient à son point de départ... je ne le crois pas, tout est toujours en mouvement et en changement, chaque moment est unique, tout comme toi!

      Nathalie xx1/2 ;o)

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    2. Je pensais en 3Dimensions seulement ou quoi quand j'ai posé cette question..? =)

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  2. Hola Nathalie !!!! Que c'est savoureux de te lire. Merci de partager ton voyage, merci pour les photos, les vidéos (je n'en reviens toujours pas de l'encensoir), merci pour les mots et les états de ton âme. Je te sens en paix et présente à tout ce qui est. J'entends même ton rire parfois et ta voix cajolante. Merci d'être ce que tu es et de te donner la permission de laisser ton être prendre toute sa place. Je te serre très fort dans mes bras (oui mes 8 bras de pieuvre), et super longtemps XOX Bon voyage et salutations spéciales à Naftalina ! Hélène

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    1. Merci ma belle Poulpo! Tu devrais te méfier, maintenant j'en mange!! ha,ha,ha!

      Merci d'être là et d'être si présente dans mon aventure, je te fais un gros câlin et Naftalina te serre fort fort la cheville xxx

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  3. Your comment about the “chemin” is encrypted as the “chemin”. I feel that you are offering a “Camino de Santiago” to us, a “chemin” that everyone has to decipher as you certainly are doing since some time already. Love you.

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    1. Thank you for your nice comment, it touches me. This is the essence of the "chemin" ... it is different for everyone and it remains a very personal and unique. Thank you for having shared a part xxx

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