J'aurai été partie presque un an, mais
un "monde" de changement s'est produit, subtilement parfois, et d'autres fois plus démesurément. Le temps et l'espace me semblent dotés d'élastique qui s'étirent ou se rétrécissent selon le moment et les circonstances. Un an ça peut être long comme très court, dépendamment de ce que l'on vit. Quels étaient mes espoirs, mes objectifs en partant ainsi pour une longue aventure? Tout simplement de changer d'air, de voir si je pouvais me retrouver et vivre autrement. Bien sûr, que j'ai retrouvé une bonne partie de la "vraie" Nathalie; j'ai voyagé avec elle durant toute la dernière année et cet aspect de mon aventure a été somme toute très enrichissant. C'est comme si l'ancienne Nathalie avait réintégré la Nathalie du présent. Ok... et maintenant que fait-on avec le fantôme de la Srooge-Nathalie du futur? (vous ai-je tous perdus, là?? lol)
Certains disent que partir en voyage à l'autre bout de la terre c'est en quelque sorte une fuite... pour moi, c'était tout à fait le contraire, c'était de me permettre d'être enfin avec moi-même, de reconnaître mon moi-même et... d'être moi-même. J'ai fait la paix avec plusieurs aspects, gens et événements de mon passé; j'ai déversé mes souhaits, mes craintes et mes pleurs dans les flots de l'Atlantique. Cette mer m'a entendue, m'a bercée et m'a consolée... la mer que j'aime tant et dont je m'ennuie tout autant.
J'ai tenté de clarifier dans ma tête ce dont je voulais "faire" à mon retour, ce dont je vous "être" à mon retour... où je voulais le "faire" et le "être" aussi. En vain! Je ne sais toujours pas, sinon que maintenant je me donne le droit de ne pas savoir, de ne pas être la "super-woman-ultra-performante"!
Je vis et j'ai l'impression trop souvent de ne pas trouvé l'endroit idéal pour moi, de ne pas être à ma place... de ne pas "fitter" dans les p'tites cases de notre monde, soi-disant moderne et actuel.
Tout comme avant de partir pour cette aventure, j'ai vécu une petite expérience drôle (entendre ici, étrange, farfelue...), j'avais pris contact avec la
"madame-de-la-RAMQ" [pour les non initiés - Régime de l'assurance
maladie du Québec] afin de faire ma demande d'exception. Je m'explique, nous ne pouvons pas être à l'extérieur
du Québec plus de 6 mois sans perdre notre droit au RAMQ, mais il existe une
exception où on peut s'absenter au maximum 1 an par période de 7 ans sans
perdre notre droit à cette assurance.
Donc, lors de l'appel, elle me demande (et imaginez, svp, une dame n'ayant
aucun humeur avec le nez un peu pincé) :
MRAMQ : Vous revenez quand?
Moi : Je ne le sais pas
MRAMQ : Vous devez savoir quand vous allez revenir?!
Moi : (après une longue respiration silencieuse) Non, je ne
le sais pas
MRAMQ : Ben voyons dont!
À votre âge, vous devez avoir un budget et savoir quand vous
reviendrez??
Moi : (après un millier de pensées pas toutes très fines qui
ont passées dans ma tête, à la vitesse de la lumière) : Hé non, je ne le sais
pas!
Et grosse grimace au téléphone! Pouahhh! Devais-je comprendre qu'on venait de me dire que j'étais une personne
complètement folle et irresponsable, là?? Je sais, je ne "fittais" pas dans les cases de son logiciel.
Lors de cette année, par deux fois, j'ai crû que je deviendrais
apatride. La première fois lorsque le
douanier à Londres (lors de mon retour d'Espagne) ne voulait pas me laisser
rentrer en Grande-Bretagne et semblait me dire que j'étais une criminelle
d'avoir fait du bénévolat et cette autre fois, quand j'ai fait mes impôts (hé
oui, je suis quand même un tout petit peu responsable).
Dans nos fameuses cases à cocher... il n'y
avait pas "Dame dans la quarantaine, voyageant pour le plaisir et les
découvertes, n'étudiant pas et ne travaillant pas à l'étranger et désire
conserver son statut de canadienne".
C'est drôle (encore une fois, voir étrange, farfelu, stupide?...) la
façon que les lois peuvent être différentes dépendamment du ministère concerné. Si on se fie aux lois des
impôts (ce qui n'a rien à voir avec madame-RAMQ ou encore avec l'émigration) on
ne peut s'absenter du pays plus de 283 jours sans perdre notre statut de
citoyen canadien (à moins bien sûr d'être étudiant ou travailleur à
l'étranger). Par contre, pour être
considéré citoyen dans un autre pays, il faut y avoir séjourné au moins 6 mois
consécutifs et avoir fait les démarches pour (...).
Bref, je ne demanderais pas mieux d'avoir un passeport
international moi!! Que dis-je, une CASE internationale et universelle!!
Petit stress au retour, passage obligé devant le douanier
canadien à l'aéroport PET (euh, sans préjudice, hein? PET = Pierre-Elliot-Trudeau). Il regarde mon passeport et ma carte de
déclaration de mes achats et il me demande :
Douanier PET : Vous êtes partie depuis un
an? (dit-il avec un air grave, surpris et plein de suspicion)
Moi : Oui, presque
Douanier PET : Et vous déclarez avoir acheté seulement pour
16$
Moi : Ben oui, 2 bouteilles de vin
Douanier PET : Vous n'allez pas me faire accroire que
vous avez acheté seulement ça en un an??
Moi : Ben non!!! Mais j'ai consommé tout le reste que j'ai acheté... sur place!!! Pfff! (comprendre que je ne parlais pas que du vin, hein?)
Grosse grimace dans ma tête pour le douanier! Ben voyons... quel sympathique individu!!
Je veux avoir un
passeport international!
Je veux être
une citoyenne de la planète terre...
et pas faire partie de ces petites cases
comprimées et fermées!!
Par chance que j'ai des ami-e-s et des proches merveilleux,
des enfants que j'adore et qui sont tout aussi merveilleux.
Le soir du retour avec mes fils que j'adore! |
Faces de pet! Un p'tit Pineau pour y goûter? Avec Mélissa, ma brute et le ti-lord |
Depuis ce retour en terre natale, je réfléchis beaucoup sur
ce que je dois faire et ne dois pas faire... et davantage sur ce que je dois "être ou ne pas être" (comme dirait l'autre). Je cherche ma place. JE CHERCHE
MA CASE!
Je questionne mes anges, mon guide et mes aides comme je
l'ai fait tout au long de mon voyage.
Ils ont été près de moi et le sont d'ailleurs constamment... bien que je
suis portée à les oublier (mea culpa).
Une des façons que nous avons de communiquer, eux et moi, c'est, entre
autres, par les panneaux, les écriteaux, les messages écrits de toutes
sortes. Voici donc quelques exemple à
mon retour :
Je tente de faire le bilan de mon expérience, ce que cela
m'a apportée, comment cela a changé ma perception du monde et de moi-même. Trouverais-je un jour cette paix en moi? Trouverais-je ma petite case parfaite??
Et si ma "CASE" parfaite, était justement de me donner le droit de ne
pas en avoir?!!